Rien ne pouvait arriver à Waltham. Quelques rumeurs concernant les jeunes ayant quitté les lieux pour leur avenir et les seules animations perduraient depuis des années et ce n'était pas des représentations musicales pour la dernière génération. Il fallait aimer ce cadre sans superflu où régnait une tranquille illimitée. Je vivais ici depuis toujours et aucune plainte de ma part. La grande ville ne me plaisait guère entre la circulation incessante et les foules trop immenses pour respirer son propre air. Ma naissance s'était faite à Manchester et pourtant, ma famille se trouvait à Waltham depuis un siècle. Des personnes simples qui se contentaient de ce que la vie leurs offrait. Aucune once de matérialisme chez les Carlton. La seule ombre au tableau demeurait ma mère qui avait amené du sang américain dans l'arbre généalogique. Cela ne changea rien de toute manière quand elle décida de vivre en Angleterre avec mon cher père. Vivre dans cette petite commune où on connaissait tout le monde, il y avait pire comme endroit. Des amis de l'école élémentaire toujours présents jusqu'au lycée et les soirées se faisaient d'une grande simplicité. Timide, je faisais très attention aux personnes que je fréquentais.. Les ennuis n'étaient pas pour moi. Ma grande-mère me racontaient sans cesse de quitter Waltham pour faire du mannequinat. « Tu es grande et sublime » : Voici la phrase que j'entendais le plus souvent de sa part. Trop introvertie pour poser devant des photographes ou je ne savais quel artiste. Mon occupation après le lycée avait été d'aider la mère d'une amie dans son magasin de vêtements. La seule boutique féminine de la ville alors, nous devions être à la hauteur. Ce métier me plaisait énormément par le contact avec les clientes et sur le fait de conseiller pour des tenues. Je vivais simplement, entouré de mes proches et sans grand problème particulier.

Comment éprouver autant de haine pour une seule personne ? Toi qui étais entré dans ma vie alors que tout allait parfaitement dans mon monde. Ouvrir son coeur ne devait pas être une tâche facile et pourtant j'avais fait cet effort alors qu'avant toi toutes mes conquêtes ne portaient aucun nom. Parti sans donner de nouvelles car mon annonce t'avait effrayé. Disparaître sans laisser un mot et prouver ta grande lâcheté. Nous avions vécu six mois tout à fait merveilleux et il a fallu tout gâcher par ta faute. Etre père serait une trop lourde épreuve alors autant fuir et retourner dans la grande ville. Tu as ruiné ma vie et tu t'en moquais complètement. Le plus important devait être de pouvoir encore continuer à charmer les autres dames. La réponse me restera toujours inconnue, surtout avec cette effrayante épidémie. Tu devrais être content de toute façon, ton enfant ne demeure plus de ce monde et il n'avait que trois mois. Je vis dans la seule volonté d'apprendre un jour que tu as été mort sans personne près de toi. Que tu connaisses la même solitude que j'ai connu.