Que faire aujourd'hui ? Comme tous les autres jours.. Prendre des nouvelles des camarades, préparer la nourriture pour le groupe et ensuite, espérer de meilleurs lendemains. Croire au retour à la vie normale et sans s'imaginer que cette année ait pu exister. Fermer les yeux et revoir son quotidien avant cette maudite épidémie. Les journées se ressemblaient mais, la seule différence aujourd'hui et qu'on ne pensait qu'à la survie. Les tracas de notre existence avaient terriblement changé. Comment pouvais-je être tourmenté avant par une facture d'eau ? Ne pas savoir quoi mettre en vêtement tous les matins ? Retrouverais-je l'amour un jour ou l'autre ? Ces questions semblaient tellement ridicules de par la situation actuelle. Le plus important était de ne pas apprendre la perte d'autres humains, de nos amis. On se sentait obligé de rester optimiste sur l'avenir même si on n'y croyait pas au fond de soi. Pour ma part, dans mes pensées nous étions tous éliminés dans moins d'une année mais, je devais garder cette idée dans mon esprit et ne pas chagriner les autres habitants. Se soutenir, espérer ensemble, avec des personnes que tu n'aurais jamais eu l'habitude de fréquenter dans ton ancienne vie. Nous demeurions tous égaux face à cette catastrophe, aucune différence ne pouvait être évoquée. Continuer à vagabonder dans les rues de Grimsby dans l'espoir qu'on avait besoin de moi pour une autre affaire que les aliments. Mon métier de vendeuse me manquait. Ce contact avec les clients et discuter de mode pour un détail... Toutes les pratiques impensables aujourd'hui. On se moquait de la tenue quotidienne ou si elle était tâchée par de la boue ou de la nourriture. Je faisais quand même attention à moi grâce aux affaires emportées ici. J'avais la chance d'être arrivée à temps pendant que l'épidémie s'accentuait donc, mon sac à dos avait pu contenir un peigne ou une lime à ongles. Des choses inutiles aujourd'hui certes mais, cela faisait du bien quand même de garder une part de féminité. « Mary ! Va voir dans la réserve si on a assez de conserves pour ce soir ! » Cria un collègue chargé lui aussi de s'occuper de la nourriture. « Mais j'ai déjà.. » Il ne m'entendait pas il semblerait alors, que je souhaitais lui annoncer que cette tâche avait été faite dans la matinée. D'un côté, cela ne pourrait que m'occuper quelques minutes.. En marche vers le lieu ciblé, j'essayais de sourire aux peu de survivants qui s'aventuraient dans la rue. Que faire si nous étions une personne âgée ou un enfant en bas âge ? Seul l'ennui occupait tes pensées. La télévision n'existait plus puisque l’électricité avait été coupée en très peu de temps. De plus, il ne fallait pas sortir de la ville pour ne pas se faire attaquer par des rôdeurs. La porte de la réserve n'avait pas été fermée. Un oubli du dernier camarade ayant occupé les lieux ? J'entrais sans grande attention dans la pièce, pensant être seule. La pièce demeurait sombre comme elle se situait dans un endroit bien frais pour les aliments. Il ne fallait pas faire de gachis alors nous positionnions toutes les rations dans un même endroit, protégé de la chaleur. Soudain, un bruit se manifesta au fond de la pièce. Je n'avais pas réussi à le percevoir mais, le plus important était de connaître l'auteur. Un rôdeur ? J'aurais quand même entendu d'autres grognements et la silhouette aurait été très vite reconnaissable. Ils restaient trop stupides pour se cacher des humains. « Il y a quelqu'un ? » Question idiote puisqu'il y avait forcément une personne dans la pièce. Je n'avais pas rêvé loin de là. Une main dans la poche arrière, toucher l'arme pour se rassurer un minimum si cela devait être un rôdeur. J'avançais lentement où le bruit avait été lancé.

Tu ne sais pas pourquoi tu fais ça. Tu le fais, c'est tout. T'es égoïste, tu penses qu'à ton cul mais ça t'as l'habitude. Tu n'arrives même plus vraiment à le relever. Qu'est-ce qu'on s'en fou de voler ? De garder un ordre, des règles ? Le monde est devenu fou et toi aussi, alors qu'est-ce que ça peut bien faire ? Sans robes Chanel, sans limousine avec chauffeur mais surtout avec champagne, pourquoi vivre ? Pour toi, vivre c'est se défoncer, mettre les autres à tes pieds, le monde à tes pieds. Maintenant, dans ce monde de fou, tu n'es pas une légende, une mannequin reconnue.. Non, tu es l'égale des autres et être l'égale des autres ne t'intéresse pas le moins du monde. Alors oui, quelqu'un vient tout juste de te prendre en flagrant délit de vol. Et puis, ça n'avait pas été bien difficile.. Un mec, pour le distraire, il te suffit de quelques bons arguments et il oubli de fermer la porte à clés. Juste pour te laisser piquer une ou deux bouteilles qui te serviront peut-être à rendre la réalité plus acceptable quelques heures, dans le fond de ton appartement qui ne ressemble en rien à ce que tu as connu durant le reste de ta vie. Faut peut-être que tu commences à te faire à l'idée que non, tu ne retrouveras jamais ta vie d'avant, mais tu ne peux pas. Alors tu te bourres la gueule, ce qui ne donne jamais un résultat grandiose, mais que faire d'autre ? Surtout quand tu ne sais rien faire de tes dix doigt. Ah si, c'est vrai ! Tu sais voler.  Il y a quelqu'un ? Et merde. Tu reconnais cette voix, et c'est une voix que tu n'aimes pas. Mary. A peine un son était sortit de sa bouche que tu l'avais reconnue. Et merde. Elle, elle n'allait pas être intransigeante avec toi, oh non. Tu reposes discrètement les bouteilles en silence et tu sors de derrière ton étagère. Euh, j'ai vu la porte ouverte alors je suis entrée ? Tu n'es pas crédible pour un sou, et tu as un sourire merveilleusement hypocrite qui, tu l'espères, la sortira de ses gonds.. Mais ce n'est pas grave parce que pour une fois, la journée sera un peu plus mouvementée que d'ordinaire.