IF YOU ARE READY

ICome and get it

Putain de temps. La pluie tombait sans relâche depuis des heures, saturant l'atmosphère d'humidité, le tout dans une chaleur moite qui donnait à l'adolescente de violentes envies de suicide tant l'air était irrespirable. Dans la forêt, peut-être qu'elle aurait pu trouver un coin frais, peut-être qu'à l'heure d'aujourd'hui, elle serait déjà bien loin de cette pauvre région anglaise paumée. Toute façon, paumé, ils l'étaient tous, chacun à leur niveau. LA seule différence, c'est qu'elle avait pas décidé de l'être ici, avec eux, dans cette ville pseudo-fortifiée qui finirait un jour par s'écrouler lourdement sous les rôdeurs affamés. Le temps de la sédentarisation était mort en même temps que leur monde mais les irréductibles semblaient incapables de le piger. Elle soupire avant de cracher un mollard épais sur le sol des cuisines. Son supérieur hiérarchique râle dans son dos, la rappelant à l'ordre à son poste mais elle ne détache pas son regard de la vitre crasseuses, se contentant de lever à son attention son majeur. Comme si ça pouvait lui foutre quelque chose que la moitié de ces glands n'aient pas leur ration de patates pourries et de viandes bouillies. Un jour, c'est eux qu'on finira par bouffer, libre à eux de continuer à se considérer comme des oies qu'on gave avec de la merde en conserve dans l'attente de devenir un repas juteux. "J'me casse." Et sans demander plus longtemps son reste, elle tourne les talons et quitte les cuisines. De toute façon, qu'est-ce qu'il voudrait faire ? La forcer à retourner derrière les fourneaux, lui faire compter leurs peu de réserves en guise de punition, la mettre au coin ? Il n'était pas ses parents, non, mais ses parents le boufferaient peut-être un jour. L'idée la fait même sourire, à croire que toute humanité est morte dans ce tunnel où l'épidémie les a frappé de plein fouet.

La nuit tombe doucement sur la petite ville fortifiée. Ses doigts la démangent, serrant et desserrant l'espace vide entre ses phalanges. Son katana lui manquait, avoir une arme lui manquait tout court. Ces idiots n'ont pas la moindre idée de la naïveté dans laquelle baigne tous ces gens. Si jamais un rôdeur venait à s'introduire ici, il ne faudrait que peu de temps pour réduire à néant tout le peu de confort qu'ils s'évertuent à reproduire. Attrapant un sweat à capuche trop propre pour être vrai qu'on lui avait donné quand elle avait intégré la ville, elle ouvre la porte du modeste appartement qu'elle partage avec son tuteur, ronflant comme un bien-heureux dans sa couchette. Elle aimerait bien lui envoyer un geste peu glorieux par derrière mais elle s'abstient. Qu'il dorme tant qu'il peut, bientôt, ça en sera fini de cette tranquillité chiante à en mourir. Rabattant le capuchon sur ses cheveux blond cendré, elle longe les murs discrètement sous la pluie battante, serrant dans sa poche le couteau de cuisine emprunté tout à l'heure. La ville est déserte, tout comme la légère faille qu'elle a repéré depuis plusieurs jours dans un des murs de la paroi. Trop étroite pour un rôdeur, pas assez pour une ado amaigrie. Mais une silhouette plus loin, interrompt son geste. "Dégage. J'ai pas l'intention de rentrer t'façon."  Peu importe qui ça peut être, elle n'est pas décidée à écouter les recommandations d'un autre de ces crétins.

FICHE ET CODES PAR EPISKEY.