∆ nom: davelghem (nom d'épouse), son nom de jeune fille est deschamps. ∆ prénoms: aurore lucie. ∆ âge: vingt-cinq ans. ∆ date et lieu de naissance: vingt-deux février, à londres. ∆ origines: anglaises et françaises, son père est français, sa mère est anglaise. ∆ ancienne et nouvelle occupation: elle était conservatrice au musée d'histoire naturelle, elle n'a pas encore d'occupation fixe au camp étant donné qu'elle vient d'arriver. ∆ depuis quand es-tu arrivé chez les nomades ou à grimsby ? : 08/2013. ∆ traits de caractère: courageuse, serviable, altruiste, souriante, loyale, protectrice, fragile, très douce. ∆ groupe: j'suis là pour te protéger, chérie. ∆ célébrité: astrid bergès-frisbey. ∆ crédits: tumblr.

DERRIÈRE L’ÉCRAN ✘ pseudonyme: je n'en ai pas, du moins je n'ai pas de pseudos dont je n'ai pas honte. âge: dix-huit ans. fréquence de connexion: pendant les vacances tous les jours sauf le weekend. double compte? non.  comment as-tu connu le forum? bazzart. tes premières impressions? WAAHOUU.   scénario ou inventé: scénario de castiel. un dernier mot?  

Selon une légende, il est un oiseau qui ne chante qu'une seule fois de toute sa vie, plus suavement que n'importe quelle autre créature qui soit sur terre. Dès l'instant où il quitte le nid, il part à la recherche d'un arbre aux rameaux épineux et ne connaît aucun repos avant de l'avoir trouvé. Puis, tout en chantant à travers les branches sauvages, il s'empale sur l'épine la plus longue, la plus acérée. Et, en mourant, il s'élève au-dessus de son agonie dans un chant qui surpasse celui de l'alouette et du rossignol. Un chant suprême dont la vie est le prix ! Le monde entier se fige pour l'entendre, et Dieu dans son ciel sourit. Car le meilleur n'est atteint qu'aux dépens d'une grande douleur... ou c'est du moins ce que dit la légende.
LES OISEAUX SE CACHENT POUR MOURIR.

Ses doigts craquaient sur le piano ancien, plus ou moins ancien qu’elle d’ailleurs, dans la famille on s’était toujours posé la question. Elle passait des journées entières à ce piano, et ne s’arrêtait pas si on ne la forçait pas pour qu’elle aille manger. Elle était comme ça, sa grand-mère. Passionnée. Sa passion pour la musique l’avait toujours engloutie toute entière, lui laissant même peu de places pour son mari, ses enfants, ses petits-enfants. Sa famille, en somme. Elle était une grande pianiste fut une époque, tellement passionnée que lorsqu’elle devint trop vieille, lorsque ses doigts commencèrent à avoir de l’arthrose, lorsqu’elle se sentit régresser, elle commença à perdre la tête. « Mamie, je vais me marier. » Ses doigts s’arrêtèrent, et le personnel de la maison de retraite regarda un instant vers les deux femmes, interloqué. « Qui êtes-vous ? » Aurore avala péniblement sa salive. Ce n’était pas la première fois que sa grand-mère ne la reconnaissait pas, bien au contraire, mais c’était chaque fois aussi douloureux que la fois précédente. « Aurore. Ta petite-fille. Tu te souviens mamie ? » Les yeux de sa grand-mère s’illuminèrent, et elle éclata de rire. « Aurore ma chérie ! Tu vas te marier ... Comment s’appelle-t-il ? » Aurore sourit tendrement, heureuse de voir que sa grand-mère avait un élan de lucidité. « Il s’appelle Castiel, mais je te l’ai déjà dit la semaine dernière. » Sa grand-mère ferma les yeux, réfléchissant à ce que ce prénom lui évoquait. Elle se concentrait pour sentir de bonnes ou de mauvaises ondes, c’est selon. Sa grand-mère avait toujours eu un côté mystique, aussi Aurore ne fut pas surprise lorsqu’elle l’entendit lui demander : « Et est-ce qu’il rit avec ses yeux ? »
Aurore ferma ses yeux à son tour, réfléchissant à ceux de son futur époux. C’était probablement ce qu’elle préférait chez lui, son regard ahurissant, à se damner. Elle n’avait jamais su déterminer la couleur de ses yeux : parfois bleus, parfois très clairs, presque transparents, parfois verts avec une pointe de noisette, comme si mille feux brillaient dans son regard transcendant. « Oui mamie. Il rit avec ses yeux, et surtout avec son coeur. » La vieille femme hocha de la tête, l’air satisfait. « C’est bien ma chérie. »

Profitant de la lucidité de sa grand-mère, devenue si rare ces derniers temps lorsqu’elle lui faisait des visites, elle se décida à aborder un nouvel aspect de sa relation avec Castiel. Ou plutôt la relation qu’elle entretenait avec les parents de celui-ci. « Ses parents me détestent. On va se marier et ils me détestent, ils me haïssent. » Il s’agissait de la vérité pure et dure. Elle l’avait toujours sentie et ils ne s’en étaient jamais cachés, faisant toujours en sorte qu’elle s’en rende compte, qu’elle ne se sente pas accueillie au sein de leur famille. Elle l’avait d’abord très mal vécu d’être jugée seulement sur la taille de son porte-monnaie, puis elle avait laissé tomber. Elle s’était même mise à les mépriser, à les détester. « Et pourquoi ça ? » Elle avait d’abord pensé que c’était à cause de son éducation, qu’elle avait fait une gaffe un jour au cours d’un déjeuner auquel elle était invitée, ou plutôt au seul déjeuner auquel elle avait été invitée. Jusqu’à ce qu’elle comprenne que c’était bien plus simple que ça : elle était pauvre, ils étaient riches. Elle n’était pas un bon parti pour leur fils. « Je suis pauvre. » La vieille femme leva les yeux au ciel. « Ils ont l’air très intelligents. » Aurore baisse les yeux, honteuse. « Je les déteste mamie. Je les méprise. » Sa grand-mère lui posa la main sur l’épaule d’une manière qu’elle voulait rassurante. « Et avec qui vas-tu te marier et vivre ? Avec eux ou avec leur fils ? » Un sourire illumina le visage de la jeune femme. Après tout sa grand-mère avait raison, comme d’habitude. « Merci beaucoup mamie, vraiment. Il faut que je te laisse, je vais essayer des robes de mariée. Je repasserai la semaine prochaine. Je t’aime. » Elle fit un baiser sur la joue ridée de sa grand-mère et sortie de la salle commune en écoutant son rire.

Sa peau contre la mienne et je frissonne. Ses mains sur mon corps et je m’envole. Ses lèvres douces et chaudes, et son sourire quand il m’embrasse. Je n’ai jamais été aussi heureuse qu’aujourd’hui. Mon bonheur a atteint son apogée lorsqu’il a dit « oui » cette après-midi, lorsque nous nous sommes promis amour et fidélité jusqu’à la mort. La mort ... elle me semble si loin lorsque je suis à ses côtés, comme impossible. Je ne peux pas mourir et lui non plus. Et je n’ai plus peur de la mort depuis que nous sommes ensemble. Je sais que même après la mort on se retrouvera, je ne peux imaginer qu’il y ait un jour un frein à notre histoire et qu’elle s’arrête. Je laisse mes doigts dessiner des arabesques sur son ventre, au grès de mes envies. J’ai la tête posée sur son torse et j’écoute les battements de son coeur comme le plus grand des délices, du Mozart. « Si tu savais combien je t’aime ... » D’un geste simple et rapide, il fit glisser un doigt sous la bretelle de ma grande robe blanche et la fit tomber le long de mon bras diaphane. « Je sais que ce ne sera jamais autant que moi, madame Davelghem. » Un long frisson me parcouru toute entière à l’écoute de ces deux derniers mots. Mademoiselle Deschamps n’était plus et avait laissé place à Madame Davelghem, femme de Castiel Davelghem.

En repensant à tout le chemin parcouru de notre rencontre dans la bibliothèque du lycée à notre mariage aujourd’hui, en passant par mes frasques avec ma belle-famille, je me mis à pleurer. C’étaient d’abord quelques larmes qui coulaient sur ma joue pâle jusqu’à mes lèvres maculés de rouge à lèvre, puis, ce furent des sanglots plus fort, secouant mon corps de tremblements incertains. Castiel laissa tomber ma tête sur le grand lit double de l’hôtel que nous avions réservé pour notre lune de miel au Pérou et vint s’allonger au dessus de moi, les coudes sur le drap immaculé, et les mains autour de mon visage ravagé par les larmes. « Aurore, mon ange ... Qu’est-ce que tu as ? Tu ne regrettes pas de t’être mariée, rassure-moi ? » Son visage était inquiet, ses yeux, dont les couleurs sont si spéciales, assombris. Je compris ses peurs et me maudis de l’avoir inquiété de cette manière, alors que je n’avais, au contraire, jamais été aussi heureuse qu’aujourd’hui. « Oh non, bien sûr que non ! Je pleure parce que je suis heureuse. Heureuse d’être ta femme. » Puis, je me mis à rire légèrement, secouée de soubresauts, sous le regard de Castiel qui cette fois ne montrait plus d’inquiétude mais beaucoup d’incompréhension. « Tu as vu la tête qu’a fait ta mère quand j’ai dit oui ? » Cette fois ce fut à Castiel d’éclater d’un rire bien plus tonitruant que le mien. « Comment est-ce que j’aurais pu la louper ? J’étais prêt à faire barrière de mon corps, j’ai bien cru qu’elle allait te sauter dessus ! »  Je me mis à rire avec lui, aussi fort que lui, en fixant son sourire. Cette nuit allait être la plus magnifique de toute ma vie, j’en avais la certitude.  

« Je risque de finir un peu tard ce soir mon coeur, ça te va si on mange chinois ? J’y passerai avant de rentrer. » Il me regarda, un sourire en coin. Je devinais ce qu’il était en train de se dire, que le chinois lui allait parfaitement parce que j’étais une piètre cuisinière. Oh bien sûr il ne m’avait jamais fait de remarques désobligeantes et avait toujours mangé mes plats comme si j’avais été une chef étoilée. C’était aussi ça qui me rendait folle de lui. « Ce sera parfait Aurore. » Il m’embrassa tendrement, une main sur ma cuisse et l’autre sur ma nuque. J’avais chaque fois l’impression de l’embrasser pour la première fois. Je sentais mon ventre se tordre chaque fois que mes lèvres frôlaient les siennes. Je crus un instant que j’allais craquer, que j’allais lui dire que je portais son enfant, mais j’avais bien trop préparé la soirée pour cela. Je voulais lui faire la surprise, et j’avais prévu de l’emmener au restaurant plutôt que de lui faire manger de la nourriture chinoise comme il l'imaginais. « A ce soir chéri. Je t’aime. » J’entendis son « Moi plus. » quotidien lorsque je claquais la portière de la voiture et que mes pas commencèrent à claquer sur les pavés devant le musée.

Voilà comment ma journée a commencé. Comme toutes les autres journées. J’ai embrassé mon époux, lui ai dit « à ce soir », alors que c’était la dernière fois que mon regard allait croiser le sien et que j’aurais l’occasion de lui dire « je t’aime ». Tout est allé très vite quand j’y repense. J’étais dans la salle des archives lorsque j’ai entendu les premiers cris, déchirants, à vous glacer le sang. Je me suis jetée sur la porte aussi vite que possible, j’ai déboulé dans le couloir en trombe, et là j’ai vu l’horreur se dérouler devant moi. Un visiteur était couché sur Sophie, une guide du musée. Elle hurlait et il la dévorait. Elle s’était faite agresser par un véritable cannibale ! Je crois que je n’ai pas réfléchi plus que ça quand j’ai ouvert la salle des archives, attrapé mon parapluie posé à l’angle de la porte, et que je l’ai enfoncé dans le crâne de l’agresseur. Mais Sophie était morte déjà. Ou pas tout à fait. C’est quand je l’ai vu se réveiller, les yeux fous et livides et les tripes par terre que j’ai compris. J’en ai déjà vu des dizaines des films sur les zombies, et ce qui venait de se passer ressemblait fortement à ça. Je m’étais mise à courir à perdre haleine. Je m’étais retrouvée dans la rue et avais pris un taxi, affolé lui aussi par ce qu’il se passait. Il essaya de me convaincre de ne pas retourner chez moi mais je ne voyais que Castiel, il fallait que je parte avec lui, pas seule, pas sans lui, je ne saurais affronter ce cauchemar sans lui et élever son enfant dans ce monde.

Chez moi, chez nous, j’ai hurlé son prénom à pleins poumons. Je hurlais son nom, je le pleurais. « CASTIEL ! » J’étais tombée à genoux dans le salon, pleurant toutes les larmes de mon corps. « CASTIEL ! Bordel réponds-moi, je t’en prie ... » Quatre à quatre, j’avais monté les marches de l’escalier et avait hurlé en entrant dans la chambre. « Oh mon dieu ... » Il était mort, j’en avais la certitude. Tout le sang qui inondait notre lit, les draps, et le parquet, ne laissait pas de place au doute.
Notre chambre ... maculée du sang de mon mari. Je n’avais jamais eu aussi mal de toute ma vie, j’avais mal partout et j’aurais voulu mourir moi aussi. Je me serais tuée sans hésiter une seule seconde si je n’avais pas porté l’enfant de Castiel, c’était maintenant tout ce qu’il me restait de lui, et j’allais me battre pour le sauver.

L’accouchement s’était passé de manière archaïque. Du grand n’importe quoi. A mon grand malheur, il n’y a dans notre petit groupe de survivants, aucune sage-femme, infirmière, ni aucun médecin. C’est Rafe qui a mis au monde mon bébé. Il me hurlait ce qu’il avait toujours vu dans les films : « Pousse Aurore ! Allez, mets-y un peu du tiens quoi ! » Et je lui hurlais dessus à mon tour. « FERME TA GUEULE ! Bordel ! »  J’avais eu du mal à faire sortir cet enfant de mon corps, certainement parce que je n’avais pas envie qu’il sorte et qu’il affronte ce monde que je connaissais à peine et qui dépassait l'entendement. Comment élever un petit être ici ? En étant entourée de rôdeurs en permanence, en ne sachant pas si le levé de soleil sera un parmi d’autres ou le dernier que l’on verra.

Je n’avais plus non plus l’envie de l’affronter jusqu’à la fin de mes jours, dans le cas où je survivrai longtemps et que lui aussi. J’avais perdu son père, l’homme de ma vie. Et je savais que le voir grandir allait être une bénédiction autant qu’une atrocité, que dans le cas où il s’agissait d’un garçon, j’allais voir des ressemblances physiques avec Castiel, toujours plus nombreuses au fil des années, et que je ne pourrai jamais l’oublier ... De toute manière comment l’oublier ? J’en étais bien incapable, et même si c’était Rafe qui dormait aujourd’hui à mes côtés depuis un mois et demi et qui allait élever mon bébé avec moi, jamais il ne réussirait à remplacer Castiel et à l’effacer de ma mémoire, tout juste occulterait-il l’ombre blafarde qu’il me restait de mon défunt mari. Mais son ombre uniquement, il ne pourrait se saisir de rien de plus.  

Je tenais mon fils dans mes bras depuis trois heures maintenant. Depuis qu’il était né, depuis qu’il était sorti de moi. C’était un garçon, mais je m’en doutais. Je l’avais senti depuis longtemps, depuis le début peut-être. Je serrais son petit corps contre le mien, je l’avais plaqué sous mon t-shirt, ne laissant dépasser que son visage rose et une de ses deux petites mains. Il avait des doigts minuscules et je pris conscience de sa fragilité. Rafe vint s’asseoir à côté de moi, contre un arbre. Il regarda l’enfant avec un sourire attentionné. De mon index droit, je caressais sa joue minuscule. « Il est tellement petit ... » Rafe hocha la tête. « Tu dois lui trouver un prénom Aurore. » J’en avais bien conscience, et le prénom que j’allais donner à mon fils m'apparaissait comme une évidence. « Il s’appelle Castiel, comme son père. » Rafe hocha une nouvelle fois de la tête, il comprenait mon choix. Mais de toute façon, qu’il comprenne ou pas, j’avais pris ma décision. « On va partir dés demain, Monroe a entendu parler d’une ville fortifiée, alors on va aller voir si on peut s’y installer, on ne va pas pouvoir indéfiniment marcher et changer d’endroit chaque jour avec le bébé maintenant. » Il avait raison. Ce n’était pas une vie pour lui. « Je t’aime Aurore, tu sais ... » Je ne réagis pas trop à sa déclaration, comme à chaque fois d’ailleurs. Je l’aimais, mais pas autant que j’avais aimé Castiel, et son souvenir était encore bien trop présent pour que je passe aussi rapidement à autre chose. « Je sais. » Je fixais ma main gauche et mon alliance : mes larmes se mirent à couler.