∆ nom: hastings. ∆ prénoms: roman "romy" layla. ∆ âge: dix-neuf ans. ∆ date et lieu de naissance: 1/07/1994, Londres. ∆ origines: anglaises. ∆ ancienne et nouvelle occupation: ici. ∆ depuis quand es-tu arrivé chez les nomades ou à grimsby? : 06/2013. ∆ traits de caractère: souriante, fétarde, immature, bavarde, intelligente, rusée, jalouse, possessive, créative, courageuse, ambitieuse, impulsive, têtue, écorchée vive, populaire, fragile, inconsciente, lunatique, chiante, capricieuse, loyale, bout-en-train. ∆ groupe: J'veux juste vivre, si c'est pas trop demandé. ∆ célébrité: isabelle cornish. ∆ crédits: lushhour at tumblr.

DERRIÈRE L’ÉCRAN ✘ pseudonyme: playground love. âge: vingt ans. fréquence de connexion: 4/7. double compte? nope.  comment as-tu connu le forum? bazzart. tes premières impressions?     . scénario ou inventé: lien prédef. un dernier mot? LOVE  .

Wild child, full of grace

« Cass' tu es à la maison! Aloisia est là aussi ? » Je le serre dans mes bras. On ne se voit que trop rarement dans cette famille. Ce n'est pas pour me déplaire puisque je trouve toujours une excuse pour m'échapper des repas de famille interminables et aller traîner avec les filles de l'équipe de gymnastique ou un autre petit blond de l'équipe de hockey qui serait très à la mode en ce moment. Mais avec Castiel et sa sœur c'est un peu différent. J'ai moins l'impression d'être dévisagée pendant des heures puis découpées en petit morceau entre le fromage et le dessert. C'est plus simple, moins étouffant. Personne pour me poser des questions sur mes notes trop juste à l'école ou mon avenir bien flou qui fait des cheveux blancs au monde entier d'après maman. « Oui elle est là. Doucement avec elle blondie! Ne l'étouffe pas avec toute la force de ces bras très musclés! » Je lève les yeux au ciel et me précipite en courant dans le jardin. « Alo! Comment tu vas ? Hé, il faut que je te raconte un truc incroyable! Tu te souviens Henry ? Je t'en ait parlé à Noël dernier, tu te souviens dis ? Et ben il est venu me parler! C'est incroyable hein ? Alors t'en penses quoi ? Qu'est-ce que je dois faire ? » Je m'affale sur la chaise à côté d'elle. Non loin de là, maman lève les yeux au ciel devant mes mauvaises manières. Elle préfèrerait que je me tienne mieux à table, les jambes croisées et la voix calme d'une jeune fille modèle. Au lieu de ça, me voilà à déblatérer sans respirer avec une voix trop haut perchée. Aloisia n'a même pas le temps d'en placer une. Je continue de lui raconter en boucle tout ce que je n'ai pas pu lui dire pendant ces derniers mois.

« Romy avec qui tu vas au bal de Noël ? » Devant mon casier se dresse une grande brune. Elle me dépasse de presque une tête mais pourtant elle semble toute petite à côté de moi. Comme si elle cherchait à se tasser pour obtenir mon approbation. Les soirées du lycée sont toutes une organisation que je dirige depuis deux ans maintenant. J'imagine que c'est ce rôle de présidente qui me donne l'autorisation de choisir la plupart des couples qui se trémousseront sur la piste de danse argentée. « Avec Eddard je pense. Et toi ? Liam ça t'irait bien ? Je crois qu'il avait prévu d'inviter Leah mais je peux t'arranger ça. » Je lui décoche un sourire, j'ai l'impression que cela la rassure. « Tu m'aideras à choisir ma robe aussi ? On voulait y aller mercredi. T'es libre ? » Je secoue la tête. Comme si je ne faisais pas assez de social dans ce lycée, il faudrait en plus que je me coltine une bande filles dégingandées incapables de trouver une robe qui leur couvre les pieds et ne baille pas à la poitrine. « Non je peux pas, j'y vais déjà avec Merry demain. » Je m'excuse pas, c'est plutôt elle qui se ratatine encore un peu plus devant son casier. Elle n'a pas été invitée, pas parce que je ne l'apprécie pas mais plutôt parce que j'ai totalement oublié. En tout c'est le message qu'elle reçoit. Elle exclue parce que pas assez bien pour nous. Je la laisse à son casier sans me soucier de savoir si la conversation était bien finie.

« Lana il faut vraiment que je parte, il est plus de 21h. J'ai une vie moi! » Je lui décoche un sourire aguicheur. Ça ne marchera probablement pas sur cette jeune fille de bonne famille, mais les quelques étudiants encore présents au journal de la fac comprennent le message. Non, je ne resterais pas encore une heure pour boucler la parution du journal de demain. Il est temps de rentrer, de prendre une très longue douche avant de ressortir pour la traditionnelle soirée du vendredi soir. Je partirai probablement avec Nolan pour faire la tournée des bars mais l'abandonnerais probablement en cours de route. Inutile de se traîner son frère toute la soirée une fois qu'on a rencontré un touriste étranger au sourire engageant. « Alors Lana ? C'est pour aujourd'hui ou pour demain cette relecture ? » Elle me fusille du regard. J'imagine qu'elle ne comprend pas qu'on puisse avoir besoin de plus d'une heure pour se préparer. J'hésite à le lui dire mais me retiens, je devrais encore travailler avec elle pendant au moins un an et me faire virer du journal par le cerveau ne serait pas très bien pour mon CV. Je me contente donc de tourner en rond, en faisant les cent pas, de jouer avec tous les stylos de son bureau et d'en faire tomber quelques uns au passage. Je demande à Larry des nouvelles de son chien, de sa petite amie et de ses prochaines vacances à Paris. Lana reste imperturbable. Il paraît que je devrais m'inspirer un peu plus d'elle et un peu moins des organisateurs de soirées étudiantes. Peu importe. « C'est bon! L'édition de cette semaine est terminée! Bravo à tous, et bon week-end. Romy, si tu l'ouvres encore pendant que je relis, je te file la rubrique cantine pendant trois mois. Compris ? » J'hausse les épaules et m'enfuie rapidement dans la nuit tombante. Pas le temps réfléchir aux menaces d'une intello.
J'ai l'impression de mettre des heures à rentrer chez moi. Je ne comprends pas bien pourquoi j'ai décidé de rester vivre à la maison avec les parents alors que j'aurais pu trouver un appartement beaucoup plus près de la fac et vivre ma vie sans avoir à subir le traditionnel brunch du dimanche matin chez les Hastings. Nolan m'a convaincu qu'on ferait des économies et que les parents seraient plus tranquille de nous savoir encore à la maison pour au moins trois ans. J'imagine que ses yeux de biches et sa bouche en cœur m'ont fait flanché sur mes bonnes résolutions d'étudiante. Le métro s'arrête enfin et je descends en courant. Le nez entre mon téléphone et la foule de gens qui se massent contre les portes. En y repensant, n'importe qui aurait pu remarquer la vague de panique, le murmure ambiant, la foule à contre-sens. Je ne sais toujours pas pourquoi je n'ai pas levé la tête du téléphone, pourquoi je n'ai pas réagit aux personnes qui m'accostaient en me disant qu'il fallait partir comme si on avait lâché King-Kong dans les ruelles du quartier pavillonnaire de Londres. Trop occupée à planifier tous les détails d'une soirée foutue en l'air.
Devant la maison, Nolan est assis, la tête enfouie dans ses mains. Je sais que c'est beaucoup plus grave que tout ce qu'on a pu connaître avant. Je sais qu'il se passe quelque chose et ce n'est pas la porte défoncée de la maison qui me met sur la piste. C'est son visage, décomposé, vide, ses yeux morts, sans expressions. « Tu t'es enfin fait largué par Oona ? » Je sais bien que ce n'est pas ça, que le monde est en train de s'écrouler, mais c'est plus facile de faire un trait d'humour que de lui demander pourquoi il est là à devenir de plus en plus blanc de minutes en minutes. Il se contente de lever les yeux vers moi comme s'il essayait de rassembler son courage à deux mains pour me répondre, pour se lever et m'empêcher de rentrer dans la maison, mais il n'en a pas la force. Il ne se lève alors que je monte les marches du perron. Il ne se retourne pas quand j'ouvre la porte défoncée. Il ne se précipite pas pour m'empêcher de marcher à travers les débris qui jonchent le sol. Il ne pose pas ses mains sur mes yeux quand j'entre dans le salon. Je les vois là. Allongés sur le sol. Sans toutes les traces de luttes, sans le carrelage rougit et les blessures encore ouvertes, on pourrait croire qu'ils se sont endormis là. Derrière moi, Nolan a enfin réussi à soulever le poids du monde pour se traîner jusqu'à moi. Sa main glisse dans la mienne, j'ai du mal à la serrer. Toute la force de mes muscles fond, glisse, s'échappe.
« Romy, il faut partir. Romy, on peut pas rester là, ils vont revenir. » Je ne bouge pas. Le temps s'est figé, les pendules ont fait marche arrière, le monde s'est arrêté. Dans quelques instants, quelqu'un va venir tout réparer, remettre le monde en marche, changer les piles, taper sur le sommet de son crâne pour lui donner un coup de neuf. Nolan me secoue, il me traîne par les bras, passe sa main sur mes épaules. Je ne sais pas comment j'arrive à bouger, je ne sais pas comment il fait pour me traîner alors qu'aucun de mes muscles ne réagit. Je ne me souviens plus comment je me retrouve sur la route, la tête sur son épaule à traîner des pieds sur les graviers, un sac rempli dans les bras, Nolan pour me guider. À gauche, à droite, encore à droite. On ne sait pas bien où on met les pieds. Je ne regarde même pas les rues qui défilent devant moi, de toute façon on ne peut pas avancer. C'est vrai, le monde s'est arrêté, alors on ne peut pas aller bien loin.

I need you like crazy

« Romy, viens on a trouvé de quoi manger. » La voix de Nolan la sort de sa torpeur. Recroquevillée sur moi-même, le menton sur les genoux, j'attends. J'attends que le temps passe, que le monde s'écroule ou que l'horloge se remette à tourner dans le bon sens. N'importe quoi pourvu que ça cesse. Que ce géant assis sur ma poitrine arrête d'écraser mes artères, qu'il arrête de bouger de temps en temps pour se remettre en place ou se détendre les articulations. Pourquoi un géant aurait-il eu envie de prendre place à un tel endroit de toute façon ? Je suis bien trop petite, trop fragile pour héberger quelqu'un d'autre dans mon corps. « Romy, bébé allez viens. On peut pas rester longtemps par ici. » Nolan me secoue. C'est un peu la même histoire tous les jours depuis quelques semaines. Nous marchons, nous nous cachons. Je sursaute, je tremble. J'oublie de parler, j'oublie de manger. Nolan me traîne, il tremble aussi mais ne dit rien. De temps à autre nous courrons, souvent je manque de tomber mais sans bien savoir comment nous finissons toujours par nous en sortir. Impossible de rester plus de quelques heures au même endroit, nous marchons. La route est sans fin. Il paraît que nous allons vers l'est, je ne sais pas bien pourquoi. Sans doute cet espoir infime de rejoindre la mer, de s'échapper. Je ne sais pas bien pourquoi puisqu'ils sont partout. « Romy, bouge toi allez! » Je finis par lever la tête. Debout devant le porche d'une maison abandonnée, Nolan tient deux boîtes de conserves. Il a son petit air victorieux comme s'il venait de gagner une compétition de tennis. Quand je plonge mes yeux dans les siens rien n'a changé. L'horloge tourne toujours dans le bon sens et le monde ne marche pas sur la tête. Dans ses yeux je retrouve toutes ces années passées à jouer sur le gazon du jardin de la maison familiale, je le vois me traîner en double au tennis le samedi après-midi jusqu'à ce que la présidence des élèves du lycée me prenne tout mon temps.
Je me force à sourire. Une sorte d'esquisse mal dessinée de lèvres pincées et vaguement retroussées vers le haut. « Y a quoi au menu du cinq étoiles de ce soir ? » Ça ne le fait pas vraiment rire. Il me traîne comme un boulet depuis trop longtemps pour que je puisse me permettre de faire des blagues sur les maigres récompenses qu'il obtient. « Viande séchée et ça ressemble à des abricots au sirop. On commence par la viande ? » Sa voix vacille légèrement. N'importe qui serait passé à côté de ce détail, perdu au milieu des bruits de ferraille que font les boites et du bois qui grince à mesure qu'il s'approche de moi sur le perron, mais je reconnais cette hésitation entre mille. Il cherche à me faire avaler ce que je ne supporte pas. Il cherche à me convaincre et à se convaincre aussi. Il faut que je mange qu'il ne cesse de répéter. Avec à chaque fois cette pointe d'interrogation dans la voix, ce manque d'assurance parce qu'il connait déjà la réponse. Je secoue la tête et me traîne jusqu'à lui pour attraper les abricots que j'ouvre tant bien que mal. C'est ça ou rien. Hors de question de me faire avaler ce vieux ragout à l'odeur infecte. « Romy tu peux pas te nourrir de merdes comme ça indéfiniment! » J'hausse les épaules. « Ça tombe bien on est pas immortels! » Le coup fuse. Pas de gifle non, c'est son regard qui me frappe. Rapide, sec, violent, l'impression que tous les pores de ma peau vont se mettre à saigner alors qu'il détourne déjà le regard comme si ma vue le dégoûtait. Je déteste ses regards qui me font mourir à chaque fois. Faut dire que je les cherche sûrement. Mais c'est vrai, on n'est pas immortels. Combien de temps on va survivre au milieu de ce bordel ? Combien de temps on peut faire à deux sans armes, sans endroit où aller, sans personne à rejoindre ? Parce qu'ils sont tous morts, ça ne fait pas l'ombre d'un doute. Pourquoi ils auraient survécus quand ils ont tué Papa et Maman ? Pourquoi les autres, si faibles, si petits à côté d'eux auraient eu de la chance et pas eux ? Nolan tourne les talons. Il part manger plus loin, assis sur la balancelle de la maison. J'ai peur qu'elle cède lorsqu'il s'affale dessus mais ce n'est pas le cas, il y a certaines choses que le temps n'abime pas. Mais voilà, ce ne sont que des choses. Tout le reste s'abime et tombe en miettes avec le temps. Même l'amour d'un frère pour sa sœur est parfois mis à mal par ce putain de temps qui passe.

« Réveille toi! Nolan réveille toi! » Il bouge lentement, les yeux encore un peu collés, engourdis par le sommeil. Je le secoue comme un prunier. « Nolan y a quelqu'un qui arrive! » Il sursaute et se met sur ses pieds en un instant. On aurait du se douter que dormir au chaud dans une maison abandonnée était un luxe qu'on ne pouvait pas se payer. Nous avançons vers la source du bruit bien que tout en moi me crie de faire demi tour et de prendre mes jambes à mon cou. Il attrape une batte de cricket qui a été oubliée là et moi un couteau de cuisine un peu tordu qui ne coupait même pas correctement ce vieux brownie un peur dur. « No' c'est une réaction débile, tu es au courant ? On devrait partir en courant là! Et piquer les robes que j'ai repéré dans le placard hier parce qu'ils étaient vraiment canons. » Un regard me fait taire même si je finis quand même par lui arracher un sourire. Si on doit mourir comme deux cons, autant lui arracher encore quelques sourires avant de se faire arracher la tête. Il avance d'un pas mal assuré vers la cuisine. J'imagine que les bruits viennent de là bien que je n'en sois pas franchement sûre, j'entends plutôt mon pouls battre dans mes oreilles. Je crois que je ne suis pas encore une guerrière accomplie. Nolan me regarde de biais, sourcils froncés. Il me dit que le bruit lui paraît bizarre. Après tout un zombie se contenterait-il pas plutôt tuer tout le monde sans fouiller dans les tiroirs de la cuisine ? « Merde! » On sursaute en choeur. Les zombies parlent maintenant ? En plus de ça ils sont plutôt grossiers! Nolan hésite devant la porte. « Qui est là ? » Je crie en ouvrant la porte d'un coup sec sous le regard désespéré de mon frère. Je crois qu'un jour il va mourir de peur à cause de moi. Ce qui serait plutôt bête dans un monde rempli de zombie..
Il est là, debout entre le tiroir de couverts et le placard à biscuit éventré. Massif, je lui suppose un air renfrogné même s'il est de dos. « Qui es-tu ? Qu'est-ce que tu veux ? » Mon couteau posé sur son dos, j'attends. En un instant, le couteau me tombe des mains, je sens un froid sur ma joue. Le sol qui me fait de l'œil. Et merde, comment il a pu me plaquer au sol en moins de temps qu'il me faut pour cligner les yeux ? « C'est moi qui pose les questions blondie! » Laissez moi vous présenter Mattie! Charmant jeune homme, toujours près à sauver les demoiselles en détresse..

Le portail nous toise. Il est immense. Imposant. Il devait être magnifique autrefois, mais aujourd'hui tout semble un peu rouillé, un peu défraichi, même les pierres semblent fatiguées. Je tourne la tête, au ralenti, comme dans un mauvais film. Nolan semble satisfait, soulagé en dépit des cernes qui minent son visage. Je n'aperçois pas bien Mattie mais je distingue parfaitement sa moue agacée, ses mains tremblantes à l'idée de renoncer à ce qu'il croit être sa liberté même si ce n'est que le temps de nous déposer. Il l'a dit des milliers de fois. « Hors de question que je reste dans ce camps de concentration pour débiles. Je vous largue et je repars aussitôt. Compris les mômes ? » C'est ce qu'il ne cessait de répéter sur le chemin en tout cas. Comme si nous avions plus envie que lui de rester dans ce paradis artificiel pour survivants. Comme si on pouvait espérer devenir quelque chose, tous enfermés comme des rats de laboratoire dans une enceinte minuscule dans la pseudo-campagne anglaise. « Non mais pourquoi ils ont pas choisi Londres ? Au moins on aurait eu l'eau courante.. » Les garçons esquissent un sourire mais le réfèrent aussitôt. Impossible de céder aux divagations d'une ancienne diva de lycée, habituée à la capitale.
« On est pas obligé de rentrer. On peut toujours continuer comme avant. Nous trois ? » Sa voix se brise. Mattie ne supporte pas de nous traine comme des boulets depuis quelques mois mais pourtant il se tient là à nous proposer de tailler la route encore une fois pour vivre en solitaire ou rejoindre un groupe de nomades. Il déteste l'endroit où nous allons poser nos valises mais pourtant ne partira pas avant de nous savoir en sécurité. Pourtant j'ai toujours l'impression que ça lui coûte un peu de son âme d'aligner deux mots un peu moins durs que d'habitude.

« Castiel est ici! » Nolan me secoue une fois encore. Ça devient une habitude. Mais cette fois il ne suffit que d'une seconde pour me sortir de ma torpeur. Pourtant je ne réagis pas exactement comme il faudrait. Les bras ballants, les yeux ronds, agrandis par les cernes que je me traîne depuis un an. Il me faut un moment pour remettre en route la mécanique. Celle qui me dicte comment sourire, comment me réjouir d'une bonne nouvelle. Je ne savais pas qu'on pouvait oublier comment faire une chose pareille.
Quelques secondes s'écoulent avant que je me fende d'un sourire. Il reste des survivants dans la famille. Quelques branches auxquelles se raccrocher, quelques souvenirs de chairs et d'os qui peuvent nous rattacher à maman. Je ne me peux empêcher ce petit pincement au cœur en le cherchant du regard parmi la foule des habitants. Il est en vie et pas les autres. Il est en vie et pas papa et maman. C'est égoïste, ça ne dure qu'une fraction de seconde avant que je serre Nolan dans mes bras. Nous ne sommes plus seuls. « Et Aloïsia ? » « Elle aussi! » Alors, pendant un long moment, je me laisse bercer par la douce mélodie du bonheur qui met en sourdine la peur, la tristesse et la colère qui battent constamment derrière mes paupières.