SÍOFRA O'BYRNE ▬ Extraits de ma fiche:
La porte de la sortie de secours de la boite claque derrière moi et je respire mieux d’un seul coup. L’odeur du tabac envahit mes narines, me poussant à tourner la tête vers la source. Une blonde, les cheveux courts, des yeux que je distingue trop mal dans l’obscurité pour en dire la couleur, mais qui me pénètrent complètement à l’instant même où nos regards se croisent. Pendant un moment, j’dis rien et elle non plus. Puis je me souviens de ce que je voulais lui demander en sentant l’odeur. « T’aurais pas une cigarette, s’te plait ? » Je la quitte toujours pas du regard alors qu’elle sourit doucement, sans me répondre, mais en attrapant tout de même le paquet fourré dans sa poche pour me le tendre et me laisser lui en prendre une. « Merci. » Bizarrement, c’est la première fois de ma vie que j’ai envie d’entendre quelqu’un parler. J’ai envie d’entendre le son de sa voix, est-ce qu’elle est aigue ? Grave ? Mais je n’ajoute rien quand j’allume la cigarette pour en tirer une taffe. Et elle ne dit toujours rien quand j’expire la fumée. Peut-être qu’elle est muette. Mais elle n’en a pas l’air, pas avec cet air joueur qui lui teint le visage. Je pourrais certainement rester là toute la soirée avec elle sans grande difficulté malgré le silence, mais je ne peux pas. J’ai des comptes à rendre et c’était la raison principale de ma sortie du club. Je lui souris une dernière fois avant de lui tourner le dos afin de pouvoir quitter la petite rue quand je sens une main se poser sur mon bras pour m’empêcher de continuer ma route. Au moment où ma tête se tourne, ses lèvres se posent sur les miennes pour laisser place à un baiser passionné, alors que ma respiration se bloque. La blonde me fait reculer contre le mur qui entre rapidement en collision avec mon dos. Ma main libre se pose dans le creux de son dos alors que je la lâche ma cigarette avec l’autre pour poser cette dernière sur sa nuque. J’oublie que je devrais aller filer la thune de la dope à mon patron pour me concentrer totalement sur elle. Son visage s’écarte du mien quand on commence à manquer d’air, ma tête se pose contre le mur alors que je la regarde à nouveau dans les yeux. Finalement, elle fait un pas en arrière, me lance un dernier sourire, puis rentre à nouveau dans la boite de nuit. Merde. Je me retiens de la suivre. Ce serait trop simple. Mais putain, c’était quoi ça ?

Deux ans plus tard:
[...] Puis j’entends des bruits de pas rapides, trop rapides, alors je me redresse d’un coup et dégaine mon arme pointant vers la source du bruit. Puis la baisse quand je reconnais la femme en face de moi. « J’ai entendu le coup de feu, j’étais dans la forêt, alors j’ai… » Sa voix est douce, plus douce que ce à quoi je m’attendais, mais c’est pas plus mal. Les mots se sont arrêtés de sortir de sa bouche quand nos regards se sont croisés. Certainement qu’elle m’a aussi reconnu. J’essuie tout de même les larmes qui ont coulé le long de ma joue, surement par fierté. Son regard quitte le mien et se pose sur mon frère. Ses sourcils se froncent, sa tête se relève et elle s’approche de moi. Elle me prend dans ses bras et je la laisse faire. Je la connais pas, je l’ai vu une fois y a maintenant deux ans de ça. N’empêche que je partage plus avec elle que n’importe qui…

Ce que j'imagine pour la suite:
Voilà maintenant deux mois que Malin est chez les nomades en compagnie de Síofra, les deux demoiselles sont très proches et très tactiles. Disons qu'en peu de temps, elles sont devenues les principaux soutiens de l'une et l'autre, puis la soeur de Síofra ne parle plus à son aîné et que Malin n'est arrivée avec personne. Elles se tournent autour, mais n'ont jamais fait rien de plus que s'embrasser. Certainement qu'elles ont la trouille de trop s'attacher alors que les risques que l'une d'entre elles se fasse tuer est trop grand. Auto-préservation certainement.